La madeleine de Tilu
MICHKA
« Michka s’en allait dans la neige en tapant des talons… »
C’était la première phrase de ce livre…. Et à chaque fois, ça ne ratait pas, je le suivais, je partais dans ses pas…
Michka était un ours en peluche rebelle, qui avait décidé de fuir la dictature d’une méchante petite fille... et moi je le soutenais, j’étais en colère contre cette Elisabeth qui le maltraitait.
Michka se promenait dans la forêt et enfin, respirait les grands espaces, comme un vrai ours… et moi je respirais avec lui.
Michka se gavait de miel… et moi j’adorais ça autant que lui !
Michka découvrait le mystère de Noël … et la magie opérait en moi. Un traîneau sans père Noël et Michka qui se trouve là, à distribuer les jouets en s’amusant… et moi j’étais lui.
Michka, petit ours si heureux d’être libre après le calvaire et qui comble de générosité allait retrouver son statut de jouet en s’offrant lui-même au dernier enfant de la tournée du renne…
Pour moi, Michka était alors plus qu’un héros, c’était le plus grand, parce que le plus tendre qui puisse exister. Michka était doux, Michka était volontaire, Michka était libre, Michka était courageux, Michka savait parler avec les yeux, Michka était capable de se donner pour rendre un enfant heureux.
Michka était mon idéal, j’aurais voulu être lui… Alors j’étais lui, à chaque fois que je feuilletais les pages de cet album du « Père Castor » dont je dévorais les mots autant que les images. J’avais 5 ou 6 ans la première fois que je l’ai lu toute seule, je connaissais déjà l’histoire mais la lire moi-même m’a fait me sentir plus libre, plus grande, comme Michka…
Ce conte qui me touchait profondément, je l’ai lu et relu des dizaines de fois. Et la dernière image de l’album est gravée en moi, où l’on voit le petit ours assis dans un sabot , le regard fixé sur un petit garçon endormi en attendant son réveil…
Quand je revois cette image, je me souviens de tous les sentiments mêlés que j’éprouvais : Admiration, bonheur, doute devant sa décision, joie pour l’enfant qui dort et qui ne sait pas encore la chance qu’il a d’avoir un ours pareil ! Et envie de serrer très fort ce petit Michka sur mon cœur.
Je raconte encore tous les ans cette histoire à mes élèves… Sur les derniers mots, j’ai toujours la voix qui se casse un peu, le nez qui picote et la vue qui se brouille.
Je crois qu’au fond de moi, Michka, c’est toujours mon héros…