Un siècle de Novembre
Il y a cet homme que l'on sent paisible et accompli au milieu de ses pommiers sur l'île de Vancouver à qui le destin va enlever successivement sa femme Laura et son fils Billy. Charles Marden va alors entreprendre, comme une évidence, un long voyage pour gagner les Flandres et poser ses pieds sur cette terre qui a englouti son fils et où la guerre s'éteint doucement. En route, il comprendra qu'une jeune femme le précède et c'est vers elle aussi que sa quête le conduit.
Il y a de la dignité et de la retenue chez Charles Marden, une émotion pleine mais sans aucune tendance à glisser vers le larmoiement. Une douleur brute, sèche et efficace, de celles qui permettent d'avancer. Presque tous les personnages rencontrés pendant son périple sont à cette image, intenses et graves. Des bribes de vie que l'on oublie pas, des espoirs et des renoncements et le silence qui transporte cet essentiel qui ne peut plus se dire. On glisse avec lui le long de ces paysages ravagés, sous le vent sec, avec les odeurs, les gris et l'atmosphère délavée des tranchées.
Ce livre est la rencontre d'un père avec les derniers jours de son fils mais, au delà, un message universel auquel je ne trouve pas de mots, sans doute parce qu'il se comprend mieux sans.
Merci à Antigone de m'avoir permis de lire cet essentiel livre voyageur.