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La valse des petits riens
25 mai 2008

Du vert au bleu

_fenetre

Photo de metrogirl

Bleu. Bleu c’est étrange. C’est une couleur que je n’ai jamais aimée. Le jour est doux. Je le sens à travers la fenêtre entre-ouverte. Je suis chez moi, mon odeur et plus encore inonde chaque réalité de cette pièce et pourtant ce bleu, ce bleu que je ne m’approprie pas. Il y a cette douleur imprécise derrière ma tête et cette sensation d’étourdissement quand j’avance. J’aimerai atteindre la fenêtre pour voir mais je n’y parviens pas. Les murs sont jaunes. Des murs jaunes, un sol bleu et pas un souvenir qui viendrait me parler de cette association de couleur hasardeuse.

J’entends les bruits de la rue, avec netteté. Fracas de freins et vrombissements de moteurs, voix claires et aiguës, entrelacements de conversations, nous sommes en ville. C’est ça: la ville et ses odeurs qui m’encombrent. Je regarde autour de moi, je cherche des repères, des objets qui me parleraient de moi. Il y a bien ces grosses chaussures beiges devant la porte mais je suis persuadé n’avoir jamais eu à les porter. C’est comme cette veste qui pend sur la chaise, je la connais bien et pourtant je ne me vois pas épouser ses formes. La table basse est encombrée de mille choses, un reste d’apéritif, deux rondelles de saucisson, quelques biscuits soufflés : ça tombe bien, je ne sais pas qui je suis mais je sais que j’ai faim...Il y a des bandages aussi, et des onguents aux odeurs fortes. Voilà qui explique sans doute ce mal de crâne.

J’entends une clé qui tourne dans la serrure, et une voix veloutée qui vient vers moi.

- Hyppolite ?

Si c’est mon nom, je n’aime pas. Il faut espérer qu’elle ne s’adresse pas à moi...Raté… C’est vers moi qu’elle a tourné ses grands yeux bleus, bleus comme ce plastique mou au sol. Elle a du le choisir pour être en harmonie avec son intérieur. Elle a une tête à avoir ce genre d’idées.

- Hyppolite…Tu es réveillé. Ne bouge pas. Mon pauvre tu es dans un sale état. Elle ne t’a pas raté cette voiture. Allez, couché mon chien, le vétérinaire viendra ce soir refaire tes bandages.

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Texte écrit pour la consigne 11 des défis du samedi : "Vous vous levez un matin sans vous rappeler qui vous êtes."

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Commentaires
J
Comme j'aimerai en 10 minutes (et même plus! ) pondre un aussi joli petit texte…
L
hé hé je n'aime pas le bleu non plus... mais j'aime ton texte !<br /> <br /> C'est magique hein ces petits mots qui en quelques phrases créent une atmosphère, une histoire qui prend vie...
S
Etonnant ce texte bien écrit ...<br /> <br /> Bisou et belle journée Kloelle<br /> <br /> Servanne
K
Michel tu as raison: je n'ai pas de chien...lol<br /> C'est un petit texte écrit en une dizaine de minutes, juste pour le plaisir de participer à la consigne avant de partir prendre mon grand bol d'air frais. Avec plus de temps j'aurais changé deux ou trois choses.<br /> Merci de tes conseils...
M
Kloelle, je trouve ce petit texte bien balancé, amusant, suffisamment court pour être lu un dimanche soir par un type qui a gâché du ciment une partie de l'après-midi.<br /> Seul reproche, les mots de la personne aux yeux bleus, en finale. Je trouve qu'ils sonnent faux. Ce n'est pas de cette façon qu'on parle à son chien. Il faudrait trouver, à mon avis, un petit mot qui fasse comprendre au lecteur la connivence entre le maître et l'animal.<br /> Mais ne te tracasse pas, tu es sur la bonne voie.
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