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La valse des petits riens
7 septembre 2008

Le royaume des disparus

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Je me suis assise pour écrire. L'obscurité recouvre les montagnes depuis longtemps. Les voilà si différentes de ces plantureuses, vertes et accueillantes, qui ondulaient tantôt sous le soleil encore chaud de l'été finissant. Je préfère ces royaumes sombres, qui s'étirent comme des toiles de Friedrich à la beauté obscure et dans lesquelles on brûle de pénétrer ou de disparaître. J'ai laissé la télé allumée dans l'autre pièce, est-ce dans le secret espoir de voir ces voix inconnues, lointaines et engourdies, briser mon angoisse ou ma solitude ? Des nuits à ne pas dormir, prisonnière de ce serrement ténu qui glisse comme une ombre entre la nuit et la tiédeur de ma peau. Des nuits à attendre sans toujours savoir ou plutôt sans ne jamais savoir ce qu'il convient d'attendre. Il y a cette odeur de pêche écrasée qui sort de la cuisine et que j'aime. "La nuit avait une odeur de pêche écrasée..." C'est un beau début de roman. J'écoute une danse slave de Dvorak, la plus mélancolique, je m'en abreuve comme d'une drogue à farder le réel.

Ce n'est pas une heure pour écrire, c'est une heure pour s'enfouir. Je suis née pour m'enfouir, faute de savoir m'enfuir. La nuit avait une odeur de pêche écrasée...

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caspar_friedrich

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Commentaires
P
==>Je suis née pour m'enfouir, faute de savoir m'enfuir.<br /> Regretter de ne pas savoir s'enfuir ? et s'enfouir à défaut.<br /> Pourquoi partir du principe que la vie est si noire qu'elle ne laisse pas d'autre alternative ?<br /> C'est malin, j'ai envie de manger une pêche maintenant, et c'est pas la saison, alors pas question de cautionner des fruits qui viennent de l'hémisphère sud depuis un pays qui a faim et avec du pétrole dessus !<br /> Bises Kloelle.
C
Klo. Caspar Friedrich, j'aime tant et c'est sans doute grâce à lui que Berlin sera une ville où je retournerai encore.<br /> <br /> Quant à l'empire de la nuit, il est si fluide et si quotidien. On s'y habitue et on s'y repose..
P
Je reste souvent paralysée quand je lis tous les commentaires qui suivent la parution d'un de tes articles. Que dire de plus? Qu'ils sont beaux et bien écrits serait commun. Que j'éprouve toujours autant d'amitié pour Kloelle, que je regrette de ne pas connaître dans la réalité, je ne peux tout de même pas le répéter 100 000 fois ! Enfin, au moins, je laisse une trace de mon passage...
S
Je comprends très bien moi, ton goût, ton besoin, ton attachement même à la mélancolie ... c'est profond et c'est rassurant en même temps que douloureux ...Attention juste à la contenir parfois pour ne pas trop plonger, fouiller et souffrir en dedans ...mais l'odeur de cette pêche est bien la madeleine dorée du retour nécessaire à ce voyage intérieur ..qui veille, qui adoucit les maux, les cris perçants et lourds de vaste solitude et les ombres grisâtres des longues heures blanches ...<br /> <br /> Douce nuit Kloelle ...<br /> <br /> Servanne
A
Il est plein de belles images ce texte, tout en douceur et profondeur. Mais je ne veux pas te déranger plus longtemps...
La valse des petits riens
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