Le coffre bleu
Ses petits doigts sont crispés sur le rebord du coffre bleu. Elle s’est assise dessus et elle croit très fort que personne ne l’ouvrira. C’est qu’elle a cette douce naiveté encore vrillée au corps.
Bien sûr, c’est vers le coffre, qu’elle pointe si visiblement de toute son inconscience d’enfant que sa mère se dirige rouge de colère. Dans le coffre il y a une poupée. Une poupée mannequin à la mode. Une poupée qui a été maladroitement tondue et qui ne ressemble plus à grand chose. Elle, elle préfère avoir une poupée moche que pas de poupée du tout. Le soir quand le silence se fait dans l’appartement, elle la sort, elle lui parle, elle lui raconte que quand elle sera grande elle sera une princesse et qu’elle aura pleins d’enfants, des filles, et qu’elle leur offrira cent poupées aussi belles qu’elle.
Les larmes coulent sur ses joues, les lanières du martinet cinglent ses jambes mais elle ne les sent pas, elle ne pense qu’à la poupée qui repart.
- petite voleuse !!!
Sa mère a raison, c’est une voleuse, elle a pris cette poupée à la petite voisine du dessous. Elle a en tellement, un coffre entier, qu’il lui a semblé qu’elle ne s’en apercevrait pas.