L'élégance du hérisson
J'ai un mouvement arrière pour tous les livres qui ont trop de succès....En général je n'y trouve pas ce que je viens chercher car de l'orange il n'y a souvent que l'écorce vive et lustrée, les saveurs intérieures sont sèches, le jus et la pulpe en option. L'élégance du hérisson, pour moi, c'est un peu ça, une belle idée qui aurait pu se développer de manière fine et généreuse et qui reste au stade de l'exposé brillant.
Renée est la concierge du 7 rue Grenelle, elle joue les concierges de base en cachant sa culture, Paloma petite adolescente surdouée se cache elle aussi derrière un paravent de quasi normalité. Seul Ozu le japonais nouvellement arrivé dans l'immeuble découvrira la vrai nature de ces deux là. Une critique de la bourgeoisie bien pensante...une critique un peu rapide et manichéenne mais souvent drôle il faut le reconnaître.
Les personnages sont posés....le décor est planté..et alors ?
Et alors rien...Ils sont creux et vides ces personnages. Riches d'une culture ou d'une intelligence supposée dont ils ne font rien. Renée je l'aurais aimée généreuse et je la trouve acariâtre....enfermée sur elle même avec toute cette culture qu'elle pourrait offrir....sauf que...j'ai l'impression qu'elle n'estime pas les autres assez bien pour la recevoir et c'est bien là tout le problème du roman....on remplace la supériorité de l'argent par une pseudo supériorité intellectuelle qui n'en est pas une car l'intelligence est multiple et la culture à la portée de tout un chacun.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas du vrai dans le thème déployé...mais il fallait aller plus loin....découper les écorces faire vivre les personnages.
Et puis sur la fin les rapports Ozu / Renée tombent dans une mièvrerie qui m'a vraiment dérangée....nous n'étions pas parti dans un roman de gare que diable....j'avais l'impression de lire les rêves éthérés d'une adolescente bercée de contes de fées.
Non, décue, déçue je suis car le thème me parlait...Il me parlait sans doute trop....J'aurais aimé aimer. Quand on connaît certaines choses on en veut sûrement à ceux qui ne les racontent pas avec la justesse que l'on voudrait....avec l"empathie que l'on aimerait.
Et puis surtout dans un livre la langue n'est pas tout.....Ici elle est brillante et délectable MAIS pour mon goût superficielle.
Hier, mon prof de piano à qui je me plaignais de mes trop grandes lacunes techniques m'a dit cette chose très juste: tu as la musicalité, tu as donc tout, la technique n'est que travail.
Ah...Si une dernière chose : elle a raison Muriel Barbery , Didon et Enée de Purcell c'est somptueux.