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La valse des petits riens
20 octobre 2007

Consigne 56

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Photo de corbillo

Avec comme incipit: Mauvaise surprise, le quai du métro est noir de monde !

*

Mauvaise surprise, le quai du métro est noir de monde !

J’aimerais croire que j’ai un autre choix que celui de plonger dans cette bouche humaine mais ce rendez-vous est important alors je me glisse, je me fraye dans le reflux des corps qui vont et viennent au rythme indolent des rames.

Je n’ai pas fait deux mètres que déjà mon bras droit se perd entre le dos trapu d’un ouvrier chauffagiste et le sac vintage d’une petite demoiselle aux cheveux trop bien lissés. J’ai cette étrange impression de perdre les limites de mon corps, de le laisser devenir une partie de celui des autres. Epaules contre épaules, corps entrelacés contre leur gré, odeurs qui se confondent jusqu’à l’écoeurement. Je coule, flasque et suintante dans la multitude. Je ne suis plus que deux yeux qui cherchent une improbable issue…

Au-dessus de ma tête des vitraux post modernes ouvrent ces drôles de catacombes à un filet de lumière blanche. Je m’accroche un instant à ces angles sévères et froids à la géométrie tranchante. Un homme a posé sa jambe contre la mienne, une longueur de peau, de chaleur qui transperce mes vêtements. J’éructe le dégoût de l’intime imposé, je lève à nouveau les yeux pour fuir. Les vitraux sont maintenant inondés de soleil, triptyque inquiétant, singulière atmosphère de cathédrale. L’astre perce les entrailles de la bête et par un jeu de prisme et de miroirs semble viser et pointer ses sillons sur la foule. Déjà, un homme d’affaire bedonnant et perlant de sueur, qu’un rayon a piqué en plein visage vacille et s’affaisse dans l’indifférence générale.

Le feu déroule ses armes, mon regard se brouille, les corps se tordent, les visages grimacent. Sous une balance en forme de caténaire un visage sardonique m’oriente vers la porte des enfers. Je sens l’angoisse qui s’incruste dans ma chair, la chaleur qui vient lécher ma peau.

La fin du monde, juste la fin du monde.

Je plonge, je m’enfonce, je ne suis plus.

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Commentaires
L
J'adore te lire.
V
Oui, on s'y croirait! Vraiment!<br /> <br /> J'ai une folle envie de réspirer de l'air frais aprés la lecture de ton texte! <br /> C'est trés bien rendu !
T
quel réalisme....on s'y croirait !!!! Beuuurk...d'ailleurs j'ai horreur de ce genre de promiscuité...et je ne dois pas etre la seule....lol
K
Glauque, repoussant et inquiétant.....c'est l'idée que je voulais donner.<br /> Pour la promiscuité...dans le tram aux heures de pointes c'est ça aussi....
J
non pas le fait de me retrouver dans cette atmosphère mais ta façon de nous révéler nos émotions!
La valse des petits riens
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