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La valse des petits riens
6 novembre 2007

Consigne 57

Consigne_57

photo de coumarine

Incipit : ""Tante Babette prit une profonde inspiration"'

Ceci est le début d'une nouvelle de Rilke qui s'intitule "L'anniversaire"

Tante Babette prit une profonde inspiration, ferma les yeux et soupira d’aise. Voilà une année qu’elle attendait ce moment alors elle allait prendre son temps, remonter doucement les vitrines, laisser les formes et les couleurs lui caresser les prunelles, se gorger du flot bouillonnant des odeurs puis attendre ce moment rare où la salive viendrait titiller le bout de sa langue et l’envie envahir son corps tout entier.

Monsieur Raymond avait de nombreuses clientes, des clientes quotidiennes, avenantes, dépensières mais il avait une tendresse particulière pour ma tante, je voyais ça au regard chaud et complice qu’il lui jetait dès qu’elle franchissait la porte de sa pâtisserie. Une cliente qui ne venait pourtant qu’une fois l’an, guère séduisante loin s’en faut et qui passait la matinée au magasin pour finir par ne choisir qu’une poignée de ses odorants petits sablés. Violette-gingembre, verveine-cannelle, rhubarbe-citronnelle... assise dans un coin du magasin je les observais, elle deviner les mélanges les plus ambitieux sans même les frôler et lui rire en la regardant comprendre ses audaces. J’en arrivais à me demander s’il ne passait pas l’année à élaborer des saveurs plus aventureuses les unes que les autres pour avoir le plaisir de la regarder chercher et la satisfaction  de la voir se surpasser.

Elle saisit finalement une petite douzaine de sablés, les déposa avec une délicatesse surprenante et presque émouvante dans la boite qu'il lui tendait puis nous prîmes le chemin du retour. Sur la petite route qui nous ramenait à la maison, je peux dire que tante Babette avait les yeux en paradis. La porte d'entrée fut vite franchie et elle monta hâtivement les escaliers qui la menaient au petit boudoir où nous la logions pour s'y enfermer. Pour finir, j’ose à peine vous rapporter les intonations moelleuses, les feulements légers que mon frère et moi surprîmes alors, l’oreille collée contre sa porte.

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Commentaires
E
J'aime j'aime j'aime.
B
C'est très beau.
D
Joli texte et jolie photo - j'imagine la douce odeur des biscuits dans la boutique ; comment résister à l'envie de les goûter ?
N
Il est superbe ce texte !
R
et ben je suis passée sur P.P. pour te faire un com.<br /> l'est beau ton texte. <br /> une vraie page de tendresse<br /> affectueusement rsylvie
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