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La valse des petits riens
20 novembre 2007

Consigne 58

paroles_plurielles

Photo de Largo

L'incipit sera le suivant:

"Je n'ai pas mis les bonnes chaussures ce matin"

-

Je n’ai pas mis les bonnes chaussures ce matin, je ne mets jamais les bonnes chaussures, comprenez : celles que j’aime. Pourtant, chaque jour, mes placards se ferment sur les escarpins les plus raffinés qui soient. Depuis toujours, j’aime passionnément les chaussures. Je les achète avec frénésie, gourmandise, bonheur. Les hauts talons fragiles, tellement féminins, les petites brides délicates, les ornements perlés et les boucles élégantes : à chaque fois c’est un véritable coup de foudre. Je les achète sans même les essayer, juste pour le plaisir de les avoir, de les regarder, d’imaginer le galbe de mes jambes par leur courbe rehaussé.

Ce matin, je me suis levée tôt et j’ai essayé une dizaine de paires…des rouges groseille au cuir souple et dense, des petites brillantes à la boucle renaissance, et aussi les superbes noires aux talons si fins et au parfum de séduction que je range sur l’étagère du milieu. Et puis voilà, malgré l’impératif, je suis finalement sortie les pieds engoncés dans mes mocassins plats, je me retrouve immanquablement dans ces vieilles chaussures plates au cuir tanné qui siéent à mes pieds larges et maladroits et ayant le confort comme unique agrément. Marcher avec des talons, je n’ai jamais su plus de 100 mètres, une question d’équilibre, une légèreté qui se cherche sans se trouver, une distinction qui se refuse.

Mes mocassins m’ont emmenée au lieu du rendez-vous et depuis un moment, j’attends. Il est 10 heures, il est en retard. Mon regard plonge sur la rivière en crue. Il m’a donné rendez-vous ici car il aime le bouillonnement et la fougue de l’eau qui avance, c’est un poète, un esthète, deux mois entiers que nous nous écrivons dans le silence des visages mais je sais les mots qui glisseront et les regards qui feront parler tout bas. La foule se presse maintenant sur le pont, le froid de ce début novembre me tétanise. Il ne viendra pas, ou plutôt, il est venu mais est reparti.

Je n’ai pas mis les bonnes chaussures, celles-ci me donnent un air de vieille fille provinciale mal dégrossie. Pas du tout le genre de femme qu’un homme de goût aimerait courtiser et montrer à son bras.

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Commentaires
A
Est-ce que des chaussures peuvent faire fuir un homme ? J'aime beaucoup ce texte, Kloelle, et ton écriture, raffinée !
D
tout compte fait.. être bien dans ses baskets ? Se sentir bien.<br /> Les pieds, stables.<br /> Tranquilles, les petits petons, pour gigoter. Agile la démarche, souple le pas.. <br /> Elle allait vers son rendez-vous, sans importance... <br /> Et les chaussures à Lui ? <br /> <br /> Je fais la même chose, de belles chaussures, à brides, féminines, sexy (sexies ?), et tout et tout.. hésitation, et puis hop enfilées, les Converse chaudes, bas noirs, jupe courte et gros pull.. et s'il n'aime pas ça..... et bien.. MOI OUI !!<br /> <br /> J'aime beaucoup ce que tu fais. Aussi.<br /> Bises à toi.. merci pour ton passage sur le blog.
K
Brassens a raison...dans l'absolu.
V
"Je suis pourtant persuadé qu'ils ne sont pas nombreux (les capitaines) à s'attacher aux apparences extérieures. "<br /> <br /> Je vous trouve bien naïf, Papistache...<br /> <br /> Mais la chanson est trés jolie ;) !
P
Les sabots d'Hélène<br /> Etaient tout crottés<br /> Les trois capitaines<br /> L'auraient appelée vilaine<br /> Et la pauvre Hélène<br /> Etait comme une âme en peine<br /> Ne cherche plus longtemps de fontaine<br /> Toi qui as besoin d'eau<br /> Ne cherche plus, aux larmes d'Hélène<br /> Va-t'en remplir ton seau<br /> <br /> Moi j'ai pris la peine<br /> De les déchausser<br /> Les sabots d'Hélèn'<br /> Moi qui ne suis pas capitaine<br /> Et j'ai vu ma peine<br /> Bien récompensée<br /> Dans les sabots de la pauvre Hélène<br /> Dans ses sabots crottés<br /> Moi j'ai trouvé les pieds d'une reine<br /> Et je les ai gardés<br /> <br /> Son jupon de laine<br /> Etait tout mité<br /> Les trois capitaines<br /> L'auraient appelée vilaine<br /> Et la pauvre Hélène<br /> Etait comme une âme en peine<br /> Ne cherche plus longtemps de fontaine<br /> Toi qui as besoin d'eau<br /> Ne cherche plus, aux larmes d'Hélène<br /> Va-t'en remplir ton seau<br /> <br /> Moi j'ai pris la peine<br /> De le retrousser<br /> Le jupon d'Hélèn'<br /> Moi qui ne suis pas capitaine<br /> Et j'ai vu ma peine<br /> Bien récompensée<br /> Sous le jupon de la pauvre Hélène<br /> Sous son jupon mité<br /> Moi j'ai trouvé des jambes de reine<br /> Et je les ai gardés<br /> <br /> Et le cœur d'Hélène<br /> N'savait pas chanter<br /> Les trois capitaines<br /> L'auraient appelée vilaine<br /> Et la pauvre Hélène<br /> Etait comme une âme en peine<br /> Ne cherche plus longtemps de fontaine<br /> Toi qui as besoin d'eau<br /> Ne cherche plus, aux larmes d'Hélène<br /> Va-t'en remplir ton seau<br /> <br /> Moi j'ai pris la peine<br /> De m'y arrêter<br /> Dans le cœur d'Hélèn'<br /> Moi qui ne suis pas capitaine<br /> Et j'ai vu ma peine<br /> Bien récompensée<br /> Et dans le cœur de la pauvre Hélène<br /> Qu'avait jamais chanté<br /> Moi j'ai trouvé l'amour d'une reine<br /> Et moi je l'ai gardé<br /> <br /> <br /> Je pense qu'elles sont nombreuses à croire que l'apparence extérieure peut faire fuir un prétendant.<br /> <br /> Je suis pourtant persuadé qu'ils ne sont pas nombreux (les capitaines) à s'attacher aux apparences extérieures. <br /> <br /> Ses chaussures, elles les porte dans sa tête, c'est pourquoi elle ne voit qu'elles.<br /> <br /> Ce texte est universel car il exprime tous les doutes de celui (celle) qui se remet sans cesse en cause.
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