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La valse des petits riens
19 janvier 2008

Un voyage

Je suis le regard contre la vitre du bus, en reflet du vide apaisant de mes pensées, portée par l'éphémère insouciance de l'instant. Ces petits voyages hebdomadaires qui me raccompagnent à mon travail après mon cours de piano sont une parenthèse salvatrice, une terre vierge de toute réalité où je peux écrire que le vent me chuchote des mots doux si j'en ai envie. Le moteur ronronne doucement, quelques conversations à peine audibles, une petite mamie aux cheveux blancs dont les yeux se ferment au rythme du ballottement régulier. Ai-je écris quelque part que j'aimais beaucoup les petites mamies ? Il me vient toujours des envies de leur parler....Parfois j'ose.

Il fait curieusement beau pour un mois de janvier et la neige brille sur les montagnes en fond de ciel bleu. Je murmure en silence un chant choral de Bach mais mes notes se heurtent à des mots inattendus. C'est surprenant cette facilité que j'ai, d'ordinaire, à m'abstraire des émissions populaires que crache la radio du chauffeur, mais aujourd'hui le verbe me harponne. Un journaliste à vélo. Un journaliste qui traverse les villages pour s'enquérir de la manière de penser de ceux à qui on ne donne jamais la parole. Une parole riche, pleine de ces contradictions qui font la vie. Mon arrêt approche, il faut que j'appuie et je ne le fais pas....Je laisse le hasard d'une autre main décider pour moi. Les mots reviennent, politique et idées en tout sens, les "moi-je dis qu'il faudrait" fleurissent au merveilleux jardin de la naïveté, frappés qu'ils sont d'un bon sens qui ne connaît pas la mondialisation. C'est mon arrêt et je ne descends pas. Le vélo poursuit sa route, les mots me consolent d'une pensée lyophilisée que je fuis, ils sont simples et généreux ou  rustres et intolérants mais ils sont vrais. Je m'éloigne doucement mais sûrement du lieu de ma destination. En face de moi un monsieur au pardessus gris a pris la place de la petite mamie, il me gratifie d'une large sourire que je prends pour de la connivence parce que ça me plaît de le croire. Le bus s'arrête: un sursaut de bon sens me fait descendre. Pour peu je demanderai à l'homme au pardessus de m'écrire la fin de l'histoire...Tout à fait le genre de toquade dont j'aimerais être capable !

Quelques minutes de bus en trop et me voilà bien loin de mon but. Je serai en retard c'est dit. Je n'ai surtout pas envie de courir pour décrocher quelques précieuses minutes. Je ne donnerai pas d'explications et d'ailleurs ils n'en demanderont pas. Ils savent mon regard qui se ferme et ma bouche qui se durcit à chacune de leurs irruptions dans l'intime...

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Commentaires
L
Décidément nous avons des réflexes en commun :o)
V
quel doux début de semaine , cette lecture !
K
Papistache...c'est tout à fait moi.<br /> <br /> VAL: tout pareil ils sont....<br /> J'ai retrouvé la trace du journaliste à vélo: il a écrit un livre sur son périple cet homme.
V
Les bus, par chez toi, ne sont pas les mêmes, à coups sûr!<br /> bises, Kloelle
T
Bonne soirée !
La valse des petits riens
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