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La valse des petits riens
2 mai 2008

Lydia

Elle n'était pas dans les manifestations d'hier. La politique, il y a longtemps qu'elle a décidé que ce n'était pas pour elle. Bonnet blanc et blanc bonnet. J'aimerais lui dire que non.

Elle travaille dur, elle fait le ménage dans le lycée de ma fille et elle ne fait pas semblant. Quand elle vient me voir c'est toujours pour que je l'aide à remplir ses papiers, à faire ses courriers, elle n'ose pas me déranger pour "rien". Ça me fait sourire, j'espère qu'elle viendra un jour juste pour le plaisir d'un thé et le soleil qui ruisselle sur les murs de mon balcon.  Elle ne s'en sort pas. Le salaire minimum, un loyer de plus de la moitié, deux adolescents de l'âge des miens. Elle est de ces gens qui ne voient le mal nul part, qui offrent avec le sourire ce qu'ils n'ont pas et n'osent pas faire le premier pas pour réclamer ce à quoi ils ont droit.

Des retards dans le paiement du loyer, un lourd crédit pour payer une école privé de coiffure à sa fille, laquelle n'y met plus les pieds depuis des mois, une misère alimentaire indescriptible. C'est pourtant la France qui se lève tôt Lydia, c'est la France qui se lève tôt et qui n'a pas peur de travailler, c'est aussi celle qui ne peut pas acheter de fruits et de légumes, celle qui attend d'avoir un abcès et 40 de fièvre avant de voir un dentiste, celle qui espère depuis des mois le logement social qui lui permettrait de respirer un peu.

Elle est reparti avec son papier, le sourire dans les yeux, ne sachant que dire pour me remercier. Je me suis assise sur mon balcon, le soleil avait une délicate odeur de bonheur, j'ai regardé ma vie comme si le rideau se levait pour la première fois: c'est fou ce qu'on peut être heureux sans le savoir.   

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Commentaires
T
bien évidemment que ton billet me touche, moi qui depuis 22 ans ai travaillé dans le social et dans la relation thérapeutique<br /> <br /> nous devrions tous prendre conscience que la frontière est très mince d'une vie à l'autre<br /> le chantage à l'emploi est énorme, et la pression de plus en plus insupportable<br /> depuis 2 ans que l'entreprise dans laquelle il travaillait depuis 20 ans a fermé pour délocalisation, mon homme est retourné en formation durant 6 mois, et a accepté plusieurs contrats en intérim d'informatique (avec promesses d'embauche, toutes fausses), et un contrat dont la 1ère période d'essai de 3 mois vient d'être prolongée (avec 1/3 de salaire en moins que dans l'emploi où il avait 20 ans d'expérience)<br /> c'est vite fait, à un moment donné à 47 ans, de se retrouver très vite sur la touche ou de craquer :<br /> "pas assez rapide, montrez nous votre investissement (à raison de 50 heures par semaine payées 35 !), nous attendions plus de performance, nous faisons un sacré pari en vous embauchant à votre âge, oui bien sûr vous présentez bien, avez une grande expérience, mais acceptez-vous des déplacements incessants et de maîtriser les nouvelles technologies en vous auto-formant durant les week-end ?....."
D
C'est vrai, il ne faut pas oublier combien on est heureux. Les solitudes et le dénuement que l'on côtoie souvent nous le rappellent...
D
Et cela ira de plus en plus mal, c'est le monde entier qui s'emballe sur les places boursières. On fait de l'or sur le blé, et des millions de personnes sont sans pain. Les prix vont continuer de grimper, hier j'ai raqué 42 francs anciens pour deux kilos de mon péché qui devient hors de prix: de banales oranges.Je fais mon pain moi-même. Au moins ma famille mange un pain de bonne qualité nutritive, et il me revient beaucoup moins cher que chez le boulanger (pour du pain aux céréales ou complet bien sûr). Il va bien falloir faire des sacrifices, quand d'autres sont de plus en plus riches et prennent le peu qu'il reste sur le dos d'une masse trop docile. Parfois je suis vraiment en pétard et tous ces beaux messieurs en costumes de créateur, j'aimerai les voir pendus à la lanterne...le mal qu'ils font ce n'est pas acceptable.
A
Dans ton témoignage perce toute ta sensibilité... J'espère que Lydia s'en sortira, également un peu grâce à toi ! Bises.
K
Je vois bien que tu as besoin d'aide et j'espère que tu en trouveras. C'est dur de te voir sombrer sans pouvoir venir passer du temps avec toi ou te distraire de mille sotises.<br /> Pour ton attente de "reconnaissance" de la blogosphère, je ne sais quoi te répondre, je ne partage pas cette attente tu le sais, ce serait même plutôt l'inverse et c'est d'ailleurs l'inverse qui m'amènera très certainement à arrêter cette aventure aux 1 an du blog.<br /> Puisque l'écriture et la peinture sont ta vie, je ne peux que te conseiller d'écrire, de peindre et de proposer ton travail à de vrais professionnels de la vraie vie.<br /> Courage à toi.
La valse des petits riens
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