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La valse des petits riens
20 avril 2008

Consigne 67

24229367

Photo de Coumarine

*

Consigne 67 de Paroles-Plurielles:

Vous vous mettez dans la peau d'un des personnages. L'incipit: "Il faut absolument que je pense à..."

*

Il faut absolument que je pense à ne pas grandir.

Regarde-les, têtes plongées dans leurs assiettes, pensées phagocytées par le quotidien. Sur la terrasse, le soleil danse dans le sautillement des corps qui passent mais ils ne tourneront pas la tête pour le voir. J’aimerais que maman demande à ce vieux monsieur aux cheveux blancs si ses frites sont bonnes, s’il a ses habitudes ici. J’aimerais proposer au jeune homme de nous lire un passage du livre qui absorbe toute son attention, mais si je le fais maman trépignera et ses yeux rouleront des éclairs de réprobation. Je suis sûre que la jeune femme de gauche est professeur de solfège. Un deux trois, un deux trois, elle mange au rythme d’une pièce en ternaire.

Ils ne lèveront donc jamais les yeux ?

Ensembles, ensembles et seuls. Je ne veux pas finir cloîtrée dans cette solitude hurlante qui érige des défenses plus hautes que la muraille de chine.

Il faut absolument que je pense à ne pas grandir.

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Commentaires
P
MDR, le jour de la liberté tu feras ce qu'on te dira :)<br /> Loïs de Murphy, ton blog a l'air génial, le peu que j'en ai lu, j'y retourne...
L
Moi je voulais grandir pour échapper à la tutelle des adultes :o)
P
Je crois aussi à l'humanité, sinon je ne lui aurais pas donné deux enfants :)<br /> Les parents sont certes eux aussi en détresse de constater l'écart entre notre nature humaine (leurs enfant) et les objectifs fixés par la société qu'ils subissent eux mêmes. L'enfant ne doit pas pleurer, ni crier, ni faire de bruit. Eux mêmes lorsqu'ils étaient enfants n'ont pas eu le droit de s'exprimer, ils ont une peur viscérale de leur propre enfant qui pleure, comme si la baffe donnée par leur parents (6 mètres de haut à l'échelle :) allait tomber sur eux...<br /> C'est cette même peur d'enfant battu (par les mots ou la menace) qui isole les gens de la photo. Enfin, c'est comme ça que le la sens.
K
Fragile et magnifique de différence.<br /> L'humanité, malgré ce texte un brin pessimiste directement induit par la photo, j'y crois.<br /> <br /> Les parents dont tu parles et que je croise aussi ne mettent souvent en scène que leur insuffisance...et peut être aussi leur détresse.<br /> Oui, je vois que tu étais remonté...lol
P
Ces scènes font de chacun de nous des albatros baudelairiens ! elle sont peut-être le terreau de générations de poètes du sms ! c'est formidable ! tous ces sms facturés :)<br /> Car le fond du trou est pour moi l'intentionnalité du cloisonnement, orchestré par l'inconscient collectif qui a déjà généré deux guerres mondiales et depuis lors tant de génocides ... sans jamais se remettre en question !<br /> Je vois cette scène comme la phase ultime de l'organisation de l'humanité en centre de profit à l'échelle de l'individu. Même donner est devenu interdit, il faut tout vendre :)<br /> La scène que tu décris m'en rappelle une autre, qui me fait souffrir souvent. Celle des parents qui parlent à leurs enfants en public, comme pour parfaire l'éducation militaire infligée avant même l'âge de la consience dans nos belles écoles.<br /> J'ai la lâcheté de ne pas intervenir, et la peur que l'enfant s'en prenne une de plus à ma santé. J'essaie de voir l'enfant, de le réconforter, de faire en sorte qu'il me voit et sache que je suis de son côté. Tout provient de l'éducation des enfants, ces petits êtres sans défenses qui sont au bout de la chaîne de la violence, de génération en génération depuis des siècles et des siècles. Amen.<br /> Boh, eh désolé, je suis remonté là :)
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